Le Campus Urbain de Paris, 20-21 janvier 2016, à l’UNESCO visait à formaliser la position de la société civile-France pour la conférence Habitat III – ONU.

Ce campus a cherché à proposer une vision actualisée de ce que devrait être une « Planification intelligente pour la ville durable« . Les débats se sont déroulés au sein d’ateliers thématiques pour faire émerger une vision partagée et des préconisations opérationnelles sur : les solidarités inter-territoriales, le développement durable, l’inclusion, le numérique, les nouveaux modèles économiques, la mobilité et les finances.

Ces deux journées de débats et de recommandations a été l’occasion de dresser un rapport d’étonnement sur la façon dont les acteurs se sont saisis des sujets. Nous vous en proposons un résumé ci-dessous.

Rapport d’étonnement

Pour les rapporteurs qui ont observé le déroulement des débats, ce Campus aura été marqué par l’arrivée d’un nouveau paradigme. La définition de la planification a évolué du fait de l’évolution de nos sociétés. Ils constatent en effet l’apparition de nouveaux sujets (le numérique, les préoccupations énergétiques, les demandes sociales,…) qui font désormais partie de l’équation de prévision et d’harmonie des territoires. Ensuite, un nouveau moteur, l’individu, a clairement émergé des discussion comme étant l’aiguillon à prendre en compte, et ce dans toutes ses dimensions (citoyen, consommateur, habitant, voyageur,…). Dans cette nouvelle planification qui se dessine, les flux/relations revêtent une importance plus forte que les stocks et les périmètres qui étaient autrefois les seuls cadres d’élaboration.

La planification est désormais un processus permanent (continuellement amendé) et intégrateur (absorbant les nouveaux enjeux, projets, acteurs, techniques). De document normatif, elle devient un exercice d’intelligence collective et inclusion de toutes les parties prenantes. De sorte que les rapporteurs soulignent les caractéristiques d’un nouveau type de processus :
ouvert aux initiatives, y compris à l’échelle micro des plus petits projets
permanent, articulant les différentes temporalités
intégrateur des différentes échelles, de l’ensemble des politiques urbaines et de tous les publics

Les expérimentations ont été fréquemment invoquées comme des outils nécessaires à la planification, à la condition qu’elles ne soient pas bêtement reprises sans adaptation aux spécificités du territoire concerné. Or, les innovations se nourrissent de plus en plus de données et d’outils numériques (voir la contribution de l’atelier numérique). La révision des indicateurs de la planification a fait consensus car ils sont considérés comme peu pertinents.

Finalement, les rapporteurs ont la conviction que l’on s’oriente vers une nouvelle citoyenneté urbaine, faite de la participation des individus (dont les populations « invisibles ») à partir des usages et modes de vie sur le territoire. Dès lors, s’ouvrent de nouveaux chantiers de redéfinition juridique, de la gouvernance et des modes de production de l’urbain. Notamment, des discussions sur les « droits à » la ville, l’accès au réseau, au retrait de ses données,… s’amorcent. Elles dialoguent avec des demandes de plus en plus marquées pour l’obtention des « droits de » participer, d’intervenir, d’agir collectivement,…

Ce fut un Campus Urbain passionnant, riche et qui augure de belles perspectives pour la conférence Habitat III qui se déroulera à Quito en octobre.

Les Interconnectés ont co-animé, avec le Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie, l’atelier : « Smart city, services urbains, le numérique au service des territoires« .

Synthèse des recommandations numériques